Comme c’est le cas en politique, il existe sur le marché de l’emploi un jargon qui se rapproche étrangement d’une langue de bois. Qui n’a jamais utilisé des mots comme ‘perfectionniste’, ‘stratégique’ ou ‘dynamique’ pour mettre de l’avant sa candidature? Ne soyez pas gêné de l’avouer, on l’a tous déjà fait! Et pourtant, l’utilisation de ces termes pourrait vous couler en entrevue.
Maintenant, imaginez un instant que vous êtes à ma place en tant que recruteur. Quelle valeur accorderez-vous au terme perfectionniste quand ce sera la 10e fois que vous le verrez sur un CV dans la même journée et qu’on vous le répétera ensuite en entrevue? En fait, on vient à voir ces termes tellement souvent qu’ils ont une connotation négative à nos yeux. On en vient même à douter que les candidats détiennent de véritables qualités tellement on entend toujours les mêmes choses!
Voici les termes à bannir de votre candidature et des exemples pour les remplacer. La solution est simple: vous devez remplacer ces termes par des phrases uniques et des exemples concrets.
Travaillant
- Pourquoi ne pas utiliser ce terme: Si vous cherchez un travail, le fait d’être travaillant est le strict minimum attendu par l’employeur! Vous valez plus que le minimum.
- Phrase unique: J’ai la réputation d’être un employé fiable et acharné. Je m’absente rarement et j’ai une éthique de travail exemplaire.
- Exemple concret: J’ai effectué plus de 30 entretiens avec des clients chaque semaine.
Joueur d’équipe
- Pourquoi ne pas utiliser ce terme: Que voulez-vous dire par là? Sympathique? Solidaire? Bavard? C’est un autre mot vide de sens s’il n’est pas accompagné d’un exemple.
- Phrase unique: J’ai de la facilité à faire ma place dans un groupe. Je peux vous donner plusieurs exemples de situations où j’ai pris les devants pour aider des collègues en difficulté.
- Exemple concret: J’ai été responsable d’intégrer 2 stagiaires à chaque trimestre.
Perfectionniste
- Pourquoi ne pas utiliser ce terme: Surement le mot le plus utilisé par les candidats mal préparés, en plus d’avoir une connotation « quétaine ».
- Phrase unique: J’ai le souci de la qualité et j’essaie d’offrir le meilleur rendement possible dans les contraintes qui me sont présentées.
- Exemple concret: J’ai livré sans erreur un dossier de plus de 100 pages dans un délai d’un mois.
Dynamique
- Pourquoi ne pas utiliser ce terme: Parce que personne ne sait exactement ce qu’il signifie!
- Phrase unique: Je suis à l’aise avec une charge de travail élevée et je sais gérer plusieurs tâches à la fois. J’aime aussi prendre les devants sur des opportunités d’amélioration que j’identifie.
- Exemple concret: J’ai mis en place une nouvelle méthode de travail auprès de mes 5 collègues tout en assurant mes tâches quotidiennes.
Stratégique
- Pourquoi ne pas utiliser ce terme: À moins que vous parliez d’objectifs stratégiques d’affaires, le fait que vous soyez quelqu’un de « stratégique » n’impressionnera personne.
- Phrase unique: Je comprends les objectifs de mon organisation et je sais comment maximiser le retour sur investissement de chacune de mes initiatives.
- Exemple concret: J’ai proposé et mené à bien un projet de réorganisation de mon département qui était en lien avec la vision de la haute direction et qui nous a fait sauvé des coûts.
Conclusion
Ne sous-estimez pas l’importance de donner des exemples concrets. Ne soyez pas gêné d’en donner, même s’ils ne sont pas sollicités par le recruteur.
Peu importe les termes que vous utiliserez, dire qui vous êtes n’est pas suffisant; il faut surtout le démontrer.
Article vraiment très utile et très concret, merci!
Mais est-ce que ces conseils valent aussi pour les recruteurs, dans le sens où un très grand nombre d’offres demande des candidats « dynamiques, stratégiques » etc..? Parfois, lorsque les candidats postulent à une offre ils reprennent les termes utilisés par la compagnie; j’imagine donc qu’il doit y avoir un petit ménage terminologique des deux côtés?
Bonjour Claire, effectivement ces mots galvaudés sont utilisés partout dans le beau monde de la gestion! Nous, les recruteurs, avons aussi notre part de travail à faire pour corriger la situation. Bon point!
Bon article et je vais également dans le sens de Claire. Toutefois, il semble aussi qu’il y ai des recruteurs qui accordent trop d’importance aux mots et diplômes sans être en mesure de voir au delà. De très bons candidats ayant de la difficulté à performer en entrevue pour différentes raisons sont mis de côté. Les recruteurs devraient travailler la compétence du 6e sens ;).
Merci Anne pour le commentaire. Voici comment je perçois le tout: dans la relation recruteur-candidat, chacun a ses responsabilités intrinsèques. Le recruteur doit donner au candidat l’opportunité de se « vendre ». Le candidat doit être préparé et avoir des exemples concrets à donner. Le 6e sens ou l’intuition peuvent aider le recruteur, mais force est d’admettre que les organisations préfèrent prendre des décisions sur du tangible ;)
bonjour
j’ai lu avec beaucoup d’attention quelques articles présents sur votre blog et je trouve l’ensemble très constructif et surtout instructif.
Votre vision du recrutement « colle » au plus juste aux réalités économiques des entreprises et vous permet de vous concentrer sur « l’humain » (il me semble en tout cas), néanmoins pour rebondir sur les propos d’Anne … elle devrait venir dans ce joli pays qui est le mien (La France) et là vraiment, elle pourrait prendre la mesure de la valeur d’un diplôme… En effet,chez nous, vous pouvez avoir la plus belle expérience du monde, avec des résultats « parlants » (preuves et témoignages écrits à l’appui), bien des « chasseurs de têtes » préfèreront privilégier un candidat diplômé … mais qui rentre précisément dans le moule, même si bien vous avez une maîtrise correcte de l’exercice ( les entretiens de recrutement).
PS: tous les vrais pro du recrutement que j’ai croisé et croiserai possèdent ce 6e sens: l’expérience !