Accepter une contre-offre suite à ta démission est une mauvaise idée. Découvre ce qui se cache derrière celle-ci.
Cependant, face aux différents récits dont je suis témoin en tant que professionnelle du recrutement et employée, je ne peux m’empêcher de comparer la relation employé-employeur à une histoire de couple. Car force est de constater que c’est bien souvent une histoire d’amour ou de haine.
Comme dans un couple, cela commence par une séduction online ou off line. Une offre est affichée sur un site d’emploi, et toi candidat, bien que tu sois déjà engagé, tu envoies une version de ton CV actualisé, mettant en évidence tes principaux atouts. Ton téléphone sonne 48h plus tard, cette firme dont l’excellente réputation est incontestable souhaite te rencontrer.
Le jour de l’entrevue, tu enfiles donc ta tenue porte-bonheur, bien décidé(e) à décrocher le gros lot. Face à tes interlocuteurs, ton discours est convaincant, tu te montres sous ton plus beau jour, en t’assurant de masquer tes pires défauts.
Dans le meilleur des scénarios, l’employeur est séduit, et l’union se concrétise par la signature de l’engagement: un emploi permanent! Il va falloir maintenant annoncer à ton employeur que tu le quittes pour un autre. Et là c’est le drame!
La réaction classique de ce dernier est de te présenter une contre-offre, qui se traduit par une augmentation salariale considérable et autres privilèges, dans le but de concurrencer l’offre de son rival, ton potentiel futur employeur. Cela n’a rien d’original car selon une étude réalisée par le cabinet de recrutement Robert Walters, « 30% des candidats qui démissionnent reçoivent une contre-offre de leur employeur ».
Il est donc vivement recommandé de faire preuve de prudence face à une contre-offre pour les raisons suivantes :
1. Parce que cette prise de conscience tardive est suspecte
Revenons en arrière et examinons la situation passée avant de prendre une décision trop hâtive. Tu travailles au sein de l’entreprise X depuis plusieurs années. Tu t’y rends tous les matins du lundi au vendredi, tu y passes environ huit heures par jour et tu accomplis ton travail avec passion et dévouement, du moins je l’espère.
Ceci laisse suffisamment de temps à ton employeur pour alimenter la flamme de façon concrète en valorisant ton travail, en te confiant de nouvelles responsabilités à la hauteur de tes compétences, et pourquoi pas en augmentant ton salaire.
Après tout, toute entreprise ne souhaite-t-elle pas développer ses meilleurs talents, au risque de les perdre?
Tu réalises au fil du temps, que tout n’est pas rose et que le conte de fées prend une drôle de tournure. Lors des premiers constats d’insatisfaction, tu commences par te remettre en question, ensuite tu observes en espérant que la situation évolue, et finalement tu exprimes ton mécontentement.
Lorsqu’un employé ne se sent ni écouté, ni valorisé après une période significative de bons et loyaux services, il se peut qu’il prenne la décision de se rendre où l’herbe semble plus verte. Pourquoi ton futur ex-employeur a attendu que tu le quittes pour un autre avant d’augmenter ton salaire et te promettre d’exaucer tes demandes restées sans réponses? Il y a de quoi s’interroger sur le bien-fondé de cette prise de conscience tardive.
2. Parce que les motifs de la rupture restent inchangés
Bien que les conditions salariales demeurent l’une des principales causes d’un départ anticipé, elles sont rarement l’unique facteur à prendre en considération, surtout si tu as bien négocié ton salaire au départ.
Parmi ces différents motifs, on retrouve notamment la recherche d’un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle, la culture d’entreprise, les perspectives d’évolution de carrière, l’ambiance de travail quotidienne et les relations avec son gestionnaire et ses collègues.
Par conséquent, le fait de se voir offrir un plus gros salaire et la promesse d’exaucer tes rêves les plus fous ne changent rien aux motifs énumérés ci-dessus, à l’origine de ta démission. L’argent seul ne fera pas ton bonheur au sein de cette organisation car ces aspects ne changent malheureusement pas du jour au lendemain.
Choisir de retomber dans les bras de ton ex, sans que chacun ait pris du recul et fait un travail d’introspection pouvant mener à un réel changement, n’est probablement pas la plus sage décision.
3. Parce que la confiance est brisée
Je te demande maintenant de te mettre à la place de ton employeur. Imagine que tu diriges une entreprise et qu’un de tes employés t’annonce qu’il te quitte pour un autre.
Quelle serait ta réaction?
Ta première réaction visible pourrait être de tenter de le retenir, surtout si l’individu est compétent et performant.
Cependant, tu pourrais également remettre en cause sa loyauté à ton égard et te pousserait à devenir vigilant. Même s’il accepte ta contre-offre et poursuit la relation, celle-ci pourrait être entachée par cet « incident » et la confiance serait brisée.
Dans le but de se protéger d’un prochain coup de couteau, il serait légitime que ton employeur se constitue un réseau de personnes ayant des compétences similaires aux tiennes, afin de te remplacer sans difficulté si nécessaire.
De plus, quel message renvoies-tu à tes collaborateurs qui t’ont vu(e) partir et revenir? La question de l’inéquité à leur égard pourrait se poser.
4. Parce que tu prends le risque d’être pris(e) pour acquis(e)
Tu avais probablement un statut de superstar avant ton départ, et ta rentabilité a poussé ton employeur à te faire cette contre-offre pour te garder parmi ses troupes.
En acceptant une contre-offre de sa part non seulement tu cours le risque de perdre ce statut et d’être prise pour acquis(e).
De plus, tu viens de bénéficier d’une faveur qui limite ta marge de négociation salariale à court et moyen terme.
Et il se pourrait que tu sois contraint(e) de faire profil bas durant un certain temps et de souffrir en silence car, tu viens de démontrer à ton employeur que tu ne le quitteras pas demain la veille.
5. Parce que tu finiras par le quitter
Malgré cette carotte juteuse que vient de te tendre ton employeur, et que tu as croquée à pleines dents, il y a de fortes chances pour que ton désir de démission demeure à l’ordre du jour et refasse surface incessamment sous peu.
Toujours selon le cabinet de recrutement international Robert Walters, les collaborateurs qui acceptent une contre-offre de leur employeur finissent par démissionner au bout de 18 mois pour une autre opportunité. Cela peut nous sembler logique dans la mesure où l’argent ne peut pas tout résoudre lorsqu’il s’agit de relations humaines.
Les problèmes initiaux n’étant pas résolus, la comédie du bonheur ne peut durer qu’un temps. Ayant appris de tes erreurs, dès que les vieux démons referont surface et que la prochaine opportunité se présentera, cette fois tu t’empresseras de la saisir.
Conclusion
Comme en amour, il n’existe pas de règle infaillible dans la relation employé-employeur car il s’agit avant tout de relations humaines. Chaque histoire a ses particularités et c’est pour cette raison que tu peux prendre ces recommandations avec des pincettes.
Toutefois, face à une contre-offre, tu es en position de force et face à un beau problème, car tu as le choix. À toi de tenir compte de ton histoire passée et d’évaluer avec minutie l’opportunité qui t’est offerte en listant les pour et les contre. Car même si la plupart des histoires de contre-offres acceptées se terminent par des ruptures, gardons en tête que certaines règles peuvent avoir des exceptions.
Et quelle que soit ta décision finale, n’oublie pas de faire confiance à ton intuition!
Très bel article!
Bravo
Très bon! J’ai toujours pensé que, plus grosse est la contre-offre, plus grosse est l’insulte : savoir à quel point était sous-payé!
Merci pour votre commentaire Cybele, je suis entièrement d’accord avec vous!
Je suis d accord avec Cybele….et l insulte est d autant plus flagrante parce qu il te dis savoir ce que tu vaux, msis ne voulais pas mettre le prix. Pour les employeurs que ca concerne, vous devriez avoir honte de penser de cette facon. Dans le fond, c est vous qui etes perdant!
Bonjour Pierre, les employeurs n’ont pas toujours conscience de la manière dont une contre-offre est perçue. Espérons que cela change avec le temps.
Très bel article de Mélina Roy, Consultante et blogueuse RH… à lire. Tu n’es vraiment pas loin de la vérité Mélina, encore un fois bravo !!! Petite réflexion exige n’est-ce pas…
Bonjour Guy, merci pour votre commentaire! L’auteure de cet article est Joséphine Itela et non Mélina Roy. ;)
You rock, Joséphine ! J’adore ta plume et le message, les analogies utilisées avec l’amour. Bravo, vraiment :) !
Merci chère Roxanne! ;)
Que c’est veridique bravo
Vous avez un très bon blogue et un site web très bien mis en valeur. Petite question don’t je n’ai pu trouver d’article / commentaires. Qu’en est-il d’un retour chez un ex-employeur (premier employeur) après quelques années ? Est-ce bien vu un employé « boomerang » ? Quel est le processus à adopter pour signifier son désir de revenir aux sources ?