“Une équipe de passionnés” semble être l’expression à la mode dans les descriptions de postes. Devriez-vous pour autant vous déclarer “passionné par votre travail” ?
“Le mot était passion”
Nous sommes passés d’une connotation fortement négative à une connotation largement positive du mot passion. À l’origine, le mot passion était synonyme de souffrance subie. De nos jours, il désigne soit une émotion très forte allant à l’encontre de la raison, soit, plus couramment, un intérêt très important pour un sujet.
Il serait même de bon ton pour un candidat en entrevue de dire qu’il est passionné par son travail. Pourquoi cet intérêt pour la passion ? Comment se positionner sur ce sujet en entrevue ?
La passion comme moteur
Nuits blanches à lire un livre, journées entières à pratiquer la guitare, semaines d’entraînement pour un marathon… Avez-vous remarqué à quel point la passion est un moteur extrêmement puissant ? C’est une source d’énergie qui nous fait oublier tout le reste et nous permet de dépasser bien des contraintes physiques et mentales.
Pas étonnant que certains employeurs aiment à dire qu’ils ont une équipe de passionnés. Les gens passionnés semblent n’avoir aucune limite ni aucune difficulté. Alors, on veut recruter des gens qui aiment leur métier, donc qui sont passionnés, donc qui seront heureux, donc performants au travail… Stop. On ne mélangerait pas un peu tout, là?
Faut-il être passionné pour être heureux au travail ?
Comme le souligne Philippe Laurent, “l’homme passionné par son travail n’a pas le sentiment de travailler.” Bon deal, à première vue.
Mais être passionné n’est pas synonyme d’être heureux quand vient le temps de travailler en équipe. “Le passionné est très acteur pour dynamiser un projet mais peut avoir plus de difficulté dans la relation aux autres.” Quand on sait l’importance de la qualité des relations sur le bonheur, ça donne à réfléchir. De plus, dans un contexte de travail, s’ajoutent des contraintes économiques qui freinent l’exercice d’une passion.
Ainsi, la passion peut favoriser le bonheur au travail mais c’est loin d’être automatique ni même nécessaire.
« Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie. »
Disait Confucius il y a environ 2,500 ans.
« Facile à dire, assis sous son arbre, à discuter toute la journée. »
A rétorqué en 2016 un Grand Chef Cuisinier. Quelle mouche l’a piqué ? Bien que passionné par son métier, aurait-il parfois l’impression de travailler ?
Travail passionnant ou pas, rien n’est jamais parfait
Cette citation attribuée à Confucius est probablement le meilleur guide pour choisir son orientation professionnelle. Cependant, le principe de réalité vient nous rappeler qu’aimer, voire même être passionné par son métier, ne veut pas dire faire uniquement ce que l’on aime.
Prenez les artistes qui ont fait de leur passion un métier et en vivent confortablement. Nous avons tendance à employer un raccourci pour penser qu’ils ne font que ce qu’ils aiment. Or, il y a toujours une part de leur travail qu’ils font par obligation, et dont ils se passeraient bien volontiers. Par exemple, répondre toujours aux mêmes questions des journalistes, pendant plusieurs jours de suite, ça ne doit pas être le fun.
Dans le même ordre d’idées, vous ne pourrez pas contourner la fameuse question d’entrevue “Qu’est-ce que vous n’aimez pas faire? ” par une réponse du style “J’aime tout, je suis passionné par mon travail.” Et ce, même si vous êtes véritablement passionné par votre métier ;) Et puis, n’oubliez pas que vous devrez illustrer toutes vos affirmations par des exemples.
On ne feint pas une passion
Si vous dites que vous êtes passionné par votre travail, cela signifie que vous voudriez tout connaître des méthodes, des théories, des pratiques, bref tout ce qui est en lien avec votre métier. Et comme c’est impossible de tout savoir, cela implique que vous lisiez/réfléchissiez/pratiquiez sur le sujet à tous les jours.
Vous ne pouvez pas vous déclarer honnêtement passionné par votre travail ? Pas de panique. Vous avez sûrement de bonnes raisons, comme d’avoir choisi votre métier en fonction de vos intérêts et de votre personnalité. Parlez-en !
Un autre argument pour vous : aimer son travail sans toutefois être passionné, ça veut dire y mettre moins d’émotion certes, mais aussi y mettre plus de raison. Et la maîtrise de soi a son importance dans la vie, elle est même indispensable dans certaines professions.
Conclusion : soyez authentique!
Vous l’aurez compris, métier-passion VS. métier-que-l’on-aime-tout-simplement, il y a autant d’arguments en faveur de l’un comme de l’autre.
L’important est de s’assumer tel que l’on est et d’illustrer ses arguments par des exemples. C’est ainsi que vous vous démarquerez du lot et que vous inspirerez confiance.
Et vous, êtes-vous passionné par votre travail ou pensez-vous qu’il s’agit d’une idée galvaudée ?
Très bon billet, Madame Fontana!
La passion, en effet, n’est pas tout dans la vie professionnelle et ce n’est pas parce que quelqu’un ne semble pas suffisamment « passionné » qu’il ne faut pas l’embaucher.
J’ai un jour demandé à une candidate lors d’un entretien d’embauche : « Qu’est-ce qui vous passionne dans votre travail? ». Elle m’avait donné une réponse que j’avais beaucoup aimée et qui était très honnête. Elle m’avait répondu : « J’aime tellement de choses dans la vie que je n’ai pas vraiment de passion. Mais quand j’aime quelque chose et que je choisis de m’y consacrer, je m’investis pleinement. ».
Merci Mr Maltais :) En effet, ne pas être passionné par quelque chose n’empêche en rien de s’y investir. Belle réponse de cette candidate qui a été honnête et n’a pas cherché à se dire passionnée pour plaire au recruteur.
Je pense que c’est un concept qui nous ramène à la vie idéalisée qui est véhiculée par toutes sortes de blogues et de comptes de réseaux sociaux. Je capote sur ma job, je capote sur mon smoothie le matin, mes kits du jours sont parfaits, etc.
Je crois qu’en commençant une carrière, c’est difficile d’être passionné par son travail, parce que…c’est du travail! C’est un apprentissage et c’est difficile. Je crois que plus on avance et plus on prend de l’assurance, plus il est facile d’aimer ce que l’on fait.
Effectivement Sarah, c’est dans l’air du temps de se dire passionné, heureux et enthousiaste à propose de tout et n’importe quoi dans notre vie. Cela a à voir avec l’injonction du bonheur selon moi…
Mais passion pour son travail ou pas, il y a toujours une courbe apprentissage et des tâches ingrates alors restons réalistes et surtout restons fidèle à nous-même… ce qui n’empêche en rien d’être enthousiaste, investis et voire même passionné pour certains sujets… mais pour de vrai cette fois !
Ahahah ça alors, ce que je ressens en ce moment concernant mon job, ma passion est devenu lassitude depuis un petit moment, presque un travail devenu une corvée >< un ras le bol du client long à la détente et celui qui essaie en vain de toujours négocier, et ça se ressent dans mon travail je le sais je le sens, cette envie de passer à autre chose parfois, RRrRAaaaAaaaAaaAAAHhHhh !!! j'ai besoin d'une pose.
Je vois que j’ai visé juste Olivier, c’est vrai : il y a toujours des tâches que l’on aime moins, des moments où l’on éprouve une certaine lassitude, où comme le disais Sartre, « l’enfer, c’est les autres »… même dans un travail passionnant ! D’où l’importance selon moi de résisiter à l’envie de se conformer à la tendance actuelle de l’injonction du bonheur (comme le souligne Sarah dans un autre commentaire). Et quand c’est possible, faire une pause peut permettre de revenir mieux armé. Et puis ça évite de prendre des décisions radicales sur un coup de tête, ce que les gens passionnés font souvent ;)
Je crois que le principal problème de nos jours c’est que de nombreux employeurs ne peuvent pas faire la différence entre une job qui peut être passionnante et une job qui ne peut l’être. Lorsque l’on est jeune la plupart rêve de devenir musicien,chanteur,acteur,joueur de hockey etc…des jobs qui demandent de la créativité et qui donnent un renom socialement
mais évidemment ce n’est qu’un très faible pourcentage qui y parviennent, les autres devront faire des jobs moins passionnantes. C’est pourquoi d’ailleurs qu’il y a tant d’investissement dans l’ingénierie : on demande aux ingénieurs de
créer des robots pour remplacer les gens dans les tâches rébarbatives car c’est tout simplement impossible d’avoir une passion dans certains de ces emplois, alors que les employeurs
demandent des gens passionnés ! Cherchez l’erreur ! D’ailleurs
si loto-Québec fait fortune, c’est sûrement que plein de gens
en on marre de leur job.
Effectivement Luc, nous sommes peu nombreux à faire le métier (artistique, sportif…) dont nous rêvions plus jeune. Et il y a bien du monde qui travaille uniquement par obligation, il faut bien manger, c’est vrai.
Ceci dit, entre ces deux extrêmes, il y a des gens qui ont trouvé une job qu’ils aiment, et ce même si leur métier ne leur apporte pas la fortune et la gloire. C’est ce que je souhaite à tout le monde… Même si ça ne nous empêchera pas de rêver de temps en temps à gagner au loto !