Oui, contourne les RH afin d’effectuer tes candidatures spontanées et parfois même, tes approches régulières de recherche d’emploi.
N.B. Ce texte fut initialement publié le 01 septembre 2020 sous le titre « 10 excellentes raisons d’éviter les RH » et révisé le 22 novembre 2023 sous le titre actuel, résumant mieux l’idée principale. Aussi, il me causait parfois préjudice. On croyait à tort que je conseillais de ne pas étudier dans le domaine ou d’éviter les RH lors de tout contexte. Je regrette. Enfin, le texte méritait un amincissement de taille.
La recherche d’emploi est conservatrice. On croit que faire ce que tout le monde fait est ce qu’on doit faire aussi.
On continue de se demander pourquoi on n’est pas contacté après 50 postulations en ligne sur des affichages sans lendemain, mais on fait exactement la même chose le jour suivant, croyant que c’est notre seule option.
L’autre option qui te sera proposée aujourd’hui n’est pas plus facile, au contraire! Tu continueras à te frotter à du rejet et des difficultés inespérées, mais tu auras enfin l’impression de vivre une expérience différente lors de tes candidatures spontanées, incluant davantage de conversations avec des humains qui parlent ton langage.
Si tu es à court de solutions, de temps, de patience, c’est l’article qu’il te faut pour changer radicalement ta stratégie de recherche d’emploi.
Non, il ne faut pas y voir une attaque gratuite de la profession RH. J’ai un immense respect pour ceux qui la pratiquent. En fait, ils sont mes amis : la plupart de mes contacts sont en RH. Je les apprécie et crois en leur raison d’être. Or, ils ne sont pas les gens les mieux placés pour t’aider à atteindre ton but.
Pour obtenir l’emploi que tu souhaites, adresse-toi au gestionnaire de ton futur poste.
TLDR
Pour réussir une candidature spontanée (aucun affichage ne te correspond), dirige-la vers un gestionnaire. Le trou noir que t’ont préparé les RH te fera attendre une éternité, voire à jamais! Voici d’autres actions à prendre :
- Pour un suivi après une entrevue d’embauche, le gestionnaire du poste te donnera l’heure juste. Pas les RH.
- Pour contacter quelqu’un sur LinkedIn qui travaille dans une entreprise qui t’intéresse, adresse-toi d’abord aux gestionnaires des départements que tu souhaites séduire.
- Pour faire une rencontre exploratoire, tu perdras ton temps auprès des RH. Les gestionnaires sont plus susceptibles de souhaiter te rencontrer dans un tel contexte.
- Pour augmenter tes chances de succès lors d’un cold call, ton salue se trouve auprès des gestionnaires. Les RH se sentiront agacés par ton initiative étant donné la quantité de gens qui les courtisent.
- Pour des questions sur le poste avant d’y poser ta candidature, les gestionnaires auront tes réponses. En bon intermédiaire, les RH devront habituellement leur demander.
- Pour envoyer ta candidature spontanée, tente de la transmettre directement dans la boîte de réception du gestionnaire. Tu peux quand même la glisser dans le système de gestion de candidatures pour que les RH en aient une copie. Chaque fois que tu peux faire les deux, fais-le.
- Pour être embauché via un salon d’emploi, sache que c’est une mission quasi impossible. Obtenir de la visibilité sur ta candidature sera également en vain. Seuls les RH se déplacent dans les salons d’emploi, et tous te dirigeront vers leur système de gestion de candidatures.
- Pour transmettre un mot de remerciement après une entrevue d’embauche, envoie-le au gestionnaire avec les RH en copie conforme.
- Pour écrire une lettre de motivation, adresse-la au gestionnaire du poste, car c’est lui qui s’y intéressera véritablement.
- Pour jouir d’une référence à l’interne, demande à la personne qui te recommande d’apporter ton CV directement au bureau du gestionnaire responsable, et non au service des ressources humaines.
Voici maintenant pourquoi…
1 — Le pouvoir décisionnel des RH est de filtrer
Tu lis la raison qui m’a poussée à écrire cet article, m’inspirant d’un des bons livres sur la vente, soit « Le petit livre rouge de la vente : Les 12,5 principes de l’excellence ».
Le sixième principe nous rappelle, en des termes assez crus, l’importance de s’adresser aux décisionnaires pour en venir à ses fins (je préfère le partager en anglais, la traduction étant moins éloquente) :
If you can’t get in front of the real decision maker, you suck.
— Jeffrey Gitomer, extrait de « Le petit livre rouge de la vente : Les 12,5 principes de l’excellence »
Pour obtenir un emploi, tu dois faire une vente. Afin de ne pas perdre ton précieux temps, expose-toi à celui qui a le pouvoir ultime de t’embaucher dans son équipe, le gestionnaire.
Les RH trient les moins bons candidats et puisqu’ils n’ont pas le temps de les trier tous, ils mettent en place leur fameux système de gestion de candidatures.
Ils y incluent des questions pour te filtrer en amont (ex. « Parlez-vous anglais? ») ou confient même le tri des CV à l’adjointe du service pour disqualifier les candidats du processus qui ne respectent pas les exigences.
Les entreprises ont rapatrié l’embauche au département RH pour centraliser le chaos.
On les comprend, ça facilite la gestion. Un peu comme si ta maison avait 14 portes d’entrée, ce ne serait pas très efficace de les parcourir toutes quand tu entends la sonnette!
Les entreprises pensent de la même façon, c’est-à-dire que moins il y a de portes d’entrée, plus c’est efficace.
Surtout, la centralisation de l’embauche augmente la perception de justice vis-à-vis du processus d’embauche dans les yeux du candidat : tous doivent se soumettre aux mêmes règles.
Les commerces implantent d’ailleurs une file d’attente unique aux caisses pour des raisons semblables. On rassemble les gens à un seul endroit en leur permettant du même coup de faciliter leur prise de décision. Ils n’ont plus à se demander « Quelle ligne est la plus courte? Laquelle semble aller plus rapidement? »
Si c’était bien vu de passer devant la file, tout le monde le ferait, mais un code moral nous habite. Les RH veulent te convaincre que de contourner leur système est la chose immorale à faire, que ça ne se fait pas.
Alors que c’est faux, ça se fait. Et c’est ce que tu dois faire pour tes candidatures spontanées.
Personnellement, je veux éviter les filtres et les files d’attente le plus possible dans ma vie. Je ne veux pas perdre mon temps avec les intermédiaires, je veux parler à la personne qui a le pouvoir de me dire « Oui ».
Comme l’indique Nicolas Galita sur son blogue « Dessine-toi un emploi », les gens de ressources humaines n’ont pas le pouvoir de dire « Oui ». Ils peuvent seulement dire « Non », donc agir en tant que filtres.
Par définition, le recruteur joue alors le rôle d’intermédiaire et surtout de filtre. Le recruteur est là pour empêcher que le bureau du directeur commercial soit inondé de CV hors sujets.
— Nicolas Galita, extrait de « Pourquoi le recruteur n’est pas votre cible ? »
2 — Les RH protègent le temps des gestionnaires
Comme Nicolas vient d’évoquer dans le segment précédent, les RH protègent le temps des gestionnaires (en plus de la réputation de l’entreprise et de la conformité.)
Ils veulent à tout prix éviter que tu les déranges dans leurs activités.
Le problème qu’ils vivent, c’est qu’il y a trop de candidats indésirables.
Les gestionnaires apprécient donc que les RH s’érigent en protecteurs de leur temps, même si cela leur coûte quelque chose. Ce quelque chose, c’est le contact direct avec les candidats désirables. Ils acceptent de payer ce prix pour s’éviter les maux de tête et parce qu’eux aussi doivent se conformer aux règles.
Cela dit, si tu te ranges dans la catégorie des désirables, ils ne verront pas d’un mauvais œil que tu les as contactés directement.
Confronte ta croyance limitante en ignorant ta petite voix intérieure qui te répète que tu vas les déranger.
Ce n’est pas évident, car les RH veulent que tu entretiennes ce sentiment, t’encourageant ainsi à les utiliser comme intermédiaires. Mais ils ne communiqueront pas ce que tu cherches à communiquer aux décideurs, ou le feront mal. Ils ne te représenteront jamais aussi bien que tu peux le faire toi-même.
Agis comme étant désiré. Ne demande pas aux RH pour le temps du gestionnaire : ils ne te le donneront pas. Plutôt, prends le temps du gestionnaire, et sens-toi parfaitement à l’aise de le faire.
Et bien sûr, garde les RH dans le loop. Par exemple :
« Je viens de contacter M. Racette, mais je jugeais important de vous tenir au courant également des derniers développements dans mon dossier… »
3 — Les RH sont les gardiens des processus
Une entreprise a besoin d’une police comme une municipalité en a besoin d’une. Les RH sont la police des processus, dont ceux liés à l’embauche.
Ils mettent en place des règles de fonctionnement pour toutes ses facettes : l’approbation d’une ouverture de poste, l’affichage des offres d’emploi, la formalisation des questions d’entrevue, l’inventaire des responsabilités de chacun, la sélection des tests à passer, le façonnement de la structure de rémunération, le déploiement de tactiques pour attirer les talents.
Tu ne connaîtras pas la raison pour laquelle tu n’as pas eu le poste, parce qu’ils veulent éviter d’éventuelles répercussions négatives, tant au niveau des relations publiques, que de la législation, en passant par leur facilité à attirer de nouveaux clients et candidats.
Ils ne te donneront pas de rétroaction sur ta performance à l’entretien pour cette raison, mais aussi parce que ce n’est tout simplement pas leur fonction.
Ils ne sont pas là pour t’aider avec ta recherche d’emploi ni pour t’offrir le poste que tu mérites. Ils sont tout d’abord des gardiens des processus pour prévenir les dangers et gérer la quantité.
Par exemple, ils te font passer des tests et t’enregistrent dans leur système pour documenter ton embauche, pour la rationaliser, pour donner des munitions à l’entreprise au cas où tu contesterais le refus.
Je suis conscient que ce je te demande aujourd’hui est difficile, car les contourner constitue un affront à leurs règles. Tu devras le faire de manière à ce que les RH ne se sentent pas floués ou complètement ignorés par ton approche. Tu devras les informer de tes actions en temps opportun, tu devras les faire sentir importants, tu devras répondre à leurs questions avec le sourire et tu devras accepter leurs autres règles.
Tu devras parfois jouer le jeu. Cela dit, le gestionnaire te donnera un accès facilité au poste, t’évitant même parfois quelques balles normalement réservées au candidat moyen.
4 — Les RH servent leurs clients (pas toi)
Le RH n’agit pas directement dans ton intérêt. Sa cliente est celle qui le rémunère, l’entreprise. Plus précisément, son allégeance est au gestionnaire qui représente l’entreprise.
Le nombre de gens placés n’influe pas son salaire, contrairement au chasseur de têtes.
Sa récompense est différente. Plus il offre un bon service, plus il est sollicité, plus le service RH apparaît comme utile à l’échelle de l’organisation. Ensuite, plus il gagne en influence, plus il acquiert de la marge de manoeuvre et est impliqué dans la stratégie.
Être impliqué dans la stratégie, c’est le but ultime des RH. Ils ne veulent pas être perçus comme des acteurs opérationnels de l’entreprise ou un centre de coûts, mais comme des acteurs stratégiques et des développeurs organisationnels.
Historiquement, ça fait un bon moment qu’ils se battent pour ce privilège. Ils veulent être dans la « gang », être considérés comme aussi importants que les ventes ou les finances par exemple.
Tu comprends désormais leur motivation : ils veulent être intégrés, sentir qu’ils sont appréciés, comme toi et moi d’ailleurs.
Aussi, peut-être auras-tu vu le terme « expérience candidat » dernièrement? Il est sur toutes les lèvres dans la communauté RH. Louable, mais ne te laisse pas confondre. L’expérience candidat est précurseure de ce qui les importe vraiment, l’expérience client.
Ils désirent t’offrir la meilleure expérience possible pour que tu dises à ton futur patron à quel point le service RH est fantastique, que tu parles en bien d’eux à d’autres candidats potentiels, que tu agisses comme ambassadeur de leur marque, que tu redores leur blason d’employeur de choix.
Bref, que tu sois une partie de l’équation dans leur motivation profonde, soit le respect provenant des autres départements, de la haute direction et du CA.
5 — Les RH parlent la langue de bois
Pourquoi éviter les RH pour tes candidatures spontanées? Parce que tu n’apprendras jamais rien sur toi.
À part peut-être par leur non-verbal, tu ne sauras jamais quel effet tu as créé chez eux.
Ça, tu le savais déjà, pas besoin de m’éterniser sur ce point…
Les phrases suivantes te sont familières?
« Nous n’avons pas perçu un bon fit au niveau des compétences transversales avec le reste de l’équipe. »
« Vous êtes surqualifié, vous vous ennuierez dans ce poste. »
Elles représentent bien ce que je veux te dire par « langue de bois ».
As-tu d’autres exemples? N’hésite pas à nous les partager dans les commentaires pour qu’on en rie tous ensemble!
Plus sérieusement, c’est frustrant. Je te comprends. Ils font tout pour masquer les raisons de leurs décisions, car ils agissent avec des considérations légales et cherchent à préserver l’image positive de l’organisation.
6 — Les RH n’aiment pas le recrutement
Moi aussi, je méconnais l’ampleur des fonctions des RH avant d’étudier dans le domaine. Elles s’étendent au rôle-conseil auprès des gestionnaires, au développement organisationnel, à la planification de main-d’oeuvre, à la gestion de la performance, et j’en passe!
Alors que le recrutement est une spécialité pour certains, il est un passage obligé pour plusieurs autres. Le métier de recruteur est perçu comme un poste d’entrée en RH. On considère que c’est la meilleure façon pour ce type de professionnel d’accroître sa connaissance des postes de l’entreprise, de ses acteurs principaux et de ses rouages internes. Une fois ces connaissances acquises, on le considère comme prêt à accéder à d’autres cieux.
Le RH typique est donc enclin à suivre la même progression de carrière que ses compatriotes, de manière à accéder à des fonctions généralistes le plus rapidement possible. Leur premier rêve consiste d’abord à devenir des généralistes et à réduire le recrutement à 40%, puis à 20% et éventuellement, à 0% de leur rôle.
Quand tu les appelles pour avoir un suivi sur ta candidature, tu as l’impression de les déranger et effectivement, tu les déranges.
Ils préfèrent de loin travailler sur les dossiers qui les interpellent davantage. Comme tu le sais maintenant, ils veulent s’occuper de projets à portée stratégique pour accroître leur influence dans l’organisation.
Plus ce passage à un rôle généraliste s’effectue rapidement, plus vite le RH pourra commencer à réfléchir sa prochaine transition de carrière : de généraliste à partenaire d’affaires, puis à directeur et VP.
Les questions bizarres que tu as eues en entretien d’embauche provenaient de RH qui n’ont aucun intérêt à améliorer leurs compétences d’intervieweurs.
Les suivis que tu n’as pas eus venaient de RH qui n’ont aucun intérêt pour l’expérience candidat.
Le traitement désintéressé qui caractérise maintenant la profession est causé, au grand dam des recruteurs, par leurs collègues RH qui se moquent complètement du recrutement.
Les vrais recruteurs aimeraient ne pas faire partie du service des RH. Ils leur font mauvaise presse et ne se sentent pas suffisamment respectés par ces derniers. Si tu leur demandais, ils te diraient qu’ils préféreraient avoir leur propre programme de formation universitaire et leur propre département, sans avoir à partager l’espace de travail de gens qui perçoivent leur rôle comme une sous-fonction.
7 — Les RH gèrent trop de mandats
Tu sais désormais que les RH généralistes sont affairés à bien d’autres dossiers que ceux liés au recrutement.
Or, ils doivent en plus s’occuper d’un nombre exagéré d’ouvertures de postes. Alors qu’une dizaine constituerait le maximum de travail raisonnable pour leur permettre de souffler un peu, la réalité est toute autre.
Ils doivent s’occuper de plusieurs dizaines d’offres d’emploi à la fois.
Montre-toi compréhensif envers eux. Au lieu de te plaindre d’un service qui manque d’attention à ton égard, je te demande plutôt de les excuser.
Il y a des RH incompétents, certes. Il y a aussi des RH si effrayés à l’idée de dire « non » qu’ils ne te rappelleront jamais. Rassure-toi, c’est une minorité.
Pour les autres RH, ce n’est pas de leur faute! Ils n’ont tout simplement pas le temps ni les ressources pour faire les suivis que tu aurais tant aimé qu’ils fassent.
Avec 40 ou 80 postes à pourvoir par exemple, chacun d’eux contenant des dizaines ou des centaines de candidats, bien normal de les voir se munir de systèmes pour les assister ou de couper les coins ronds à l’occasion.
Carrément impossible de servir autant de gens! Les RH sont trop occupés pour t’aider, voilà la triste réalité.
Tu as raison, les gestionnaires sont aussi occupés. Tu constateras tout de même une meilleure réceptivité de leur part. Pourquoi? D’abord, les recrutements simultanés qu’ils chapeautent se comptent sur les doigts d’une main.
Surtout, ils se sentiront plus concernés, parce que ces recrutements affectent leurs opérations et donc, leur emploi du temps. Ton embauche abaissera la charge de travail du gestionnaire, ce qui est moins vrai pour le RH. Passer de 40 à 39 postes ouverts lui fera plaisir certes, mais je suis sûr que tu saisis la différence.
8 — Peu de RH sont réellement influents
Les RH ont fait un bon bout de chemin dans le monde entrepreneurial. Certaines entreprises les ont admis entièrement dans la stratégie, mais plusieurs autres les perçoivent encore comme une nuisance.
Devoir passer par les RH pour une embauche, c’est un calvaire pour le gestionnaire moyen.
Et ne soyons pas dupes, un RH démarre souvent dans le négatif sur l’échelle du respect, il devra contrecarrer cette prédisposition en gagnant le cœur des gestionnaires, un à la fois.
Parfois, ce préjugé constitue simplement le sort qu’on leur réserve dû à l’historique de la fonction. Autrefois, c’est l’inexpérience en gestion du RH qui affaiblit le respect perçu de la part des autres acteurs.
En effet, les RH sont chargés de conseiller les gestionnaires sur comment gérer (ex. évaluation de la performance, formation), alors que la plupart n’ont jamais géré d’équipe. Quelle contradiction!
Cet aspect à propos de leur influence est crucial dans ce que tu vis comme chercheur d’emploi. Par exemple, on voit des cas où les candidatures sont centralisées au service RH, les gens au front s’en voyant restreindre l’accès.
Tu veux que ta candidature spontanée soit vue du plus grand nombre de gestionnaires. La visibilité de celle-ci dépendra entièrement de la grandeur du réseau qu’a le RH à l’interne.
Si tu es chanceux, elle tombera entre les mains d’un RH influent. Il la montrera à 6-7 gestionnaires qu’il connaît. Si tu es moins chanceux, elle aboutira sur le bureau d’un RH moins influent ou nouveau dans l’organisation. Il la conservera pour un besoin futur ou il la montrera à un seul gestionnaire dans son réseau restreint.
Bien sûr, il doit d’abord voir passer ta candidature, ce qui est loin d’être gagné d’avance pour la raison que nous avons vue précédemment, soit la quantité de CV sur sa pile.
Ton CV sera retrouvé par recherche de mots-clés quand un besoin spécifique se présentera, donc quand le gestionnaire demandera officiellement aux RH de trouver quelqu’un comme toi. Plusieurs mois ou années se seront écoulés entre le moment où tu as postulé et le moment où tu seras enfin, contacté.
En s’adressant au gestionnaire, on réduit nos chances de tomber dans l’oubli.
9 — Les RH ne considèrent pas le potentiel
M’imaginant dans un aréna municipal, en train d’estimer le coup de patin et le sens du jeu d’un adolescent, je me voyais comme un dépisteur au hockey.
Tout comme moi à l’époque, les RH aiment penser qu’ils évaluent le potentiel de développement d’un candidat, mais peu le font ou y parviennent avec précision.
Le terme « recrutement » fausse la perception du RH sur ce qu’il fait vraiment (il filtre, voir point #1). Ça n’a rien à voir avec le recruteur d’une équipe de hockey.
Le point le plus important toutefois est l’absence totale de prise de risque.
Pour leur recherche et leur sélection, le geste sûr consiste à respecter les exigences de l’offre d’emploi que lui a remis le gestionnaire. Ensuite, il lui présente les gens qui s’en approchent le plus sur papier.
C’est l’approche la moins risquée pour sa crédibilité auprès de ce dernier.
Le RH assez confortable pour présenter un candidat non-qualifié aura assisté un gestionnaire fréquemment et longuement pour profiter d’une confiance mutuelle établie et d’une solide connaissance des perspectives d’évolution dans l’équipe. Autrement dit, il faut déjà avoir vu des jeunes s’y développer auparavant afin de connaître le style managérial dudit gestionnaire et ses goûts. La plupart des RH ne restent pas dans une chaise de recruteur assez longtemps pour atteindre ce niveau de connaissance.
Bref, si tu es sous-qualifié ou en transition de carrière, le gestionnaire saura mieux jauger ton potentiel. Le RH ne verra en toi qu’un candidat qui ne possède pas toutes les exigences nécessaires qui lui furent mandatées.
L’approche classique tente de prédire le futur avec ce que tu as fait dans le passé. Si les expériences sont insuffisantes, il aura du mal à saisir ton potentiel réel.
Conclusion — C’est parfois impossible, I know…
Évite les RH pour tes candidatures spontanées quand tu peux.
Dans certaines organisations, ce sera carrément impossible, car les gestionnaires ont reçu la directive de solliciter les RH pour toute thématique liée à l’embauche.
Ils ne s’en réjouissent pas, mais doivent suivre les règles, comme toi.
Là où tu seras plus chanceux, c’est auprès des entreprises dans lesquelles le service des ressources humaines représente une option pour eux. Ils ont le choix de passer par les RH pour toutes les étapes du processus, pour une partie seulement, ou pas du tout.
Par exemple, il y a des compagnies dans lesquelles les RH ont la mainmise sur l’affichage de poste et l’approbation du salaire offert, mais ça s’arrête là. Si le gestionnaire veut faire le tri des CV lui-même, conduire les entrevues tout seul et t’appeler personnellement pour te présenter l’offre, il le peut et le fera. Il préfère être en contrôle de cette portion critique de son travail qu’est le recrutement.
La composition de son équipe le regarde. C’est son monde, son budget, ses opérations, ses clients… Il ne voit pas toujours l’intérêt d’intégrer un acteur intermédiaire, sauf quand il y est obligé ou quand il n’arrive pas à trouver, pénurie de main-d’œuvre oblige.
Profites-en, il n’est pas toujours forcé de passer par les ressources humaines. Et toi non plus.
Wow merci pour cet article empreint de courage! Étant conseillère d’orientation de formation et conseillère en emploi sur le terrain, j’accompagne et j’aide les chercheurs d’emploi à trouver l’emploi qui leur convient le mieux. Combien de fois je leur conseillère de contourner les RH et ils me regardent comme si j’étais une sorcière. Et, sans oublier les clients qui me demandent pourquoi la dame de l’agence de placement ne les aide pas et ne fait pas de suivis…Sans dénigrer l’expertise des RH, je crois qu’ils ne sont pas des alliés des candidats. Ni en recherche d’emploi, ni en entrevue, ni pour les conseiller à mieux performer. Et non, les agences de placement qui affirment placer l’humain au coeur de leur pratiques, ne travaillent pas pour l’épanouissement individuel, mais pour la rentabilité de leurs clients payeurs!
Merci Sophie!
L’une de mes motivations pour écrire l’article venait justement de ce que tu décris : les chercheurs d’emploi que nous accompagnons étaient extrêmement surpris d’entendre qu’il est possible et souvent préférable de contourner les RH.
Pour moi, c’était de l’acquis, mais je me suis rendu compte que c’était une information nouvelle pour quasi 100% d’entre eux.
Aussi bien propager la bonne nouvelle…il y a une autre voie!
Merci Mathieu pour cet article , enfin un professionnel qui a le courage de dire les vrais choses.
Avec plaisir! Merci pour cette belle reconnaissance Valerie!!
J’ai pris une vraie douche froide en lisant l’article. J’ai toujours pensée que les RH étaient la meilleure porte d’entrée lorsqu’une personne est active dans sa recherche d’emploi et cherche des nouvelles stratégies pour être plus visibles sur le marché de l’emploi. Il faut de l’audace quand même pour contacter le gestionnaire. La personne qui aura un impact réel sur une candidature. Est-ce qu’il a une façon de se préparer pour parler au gestionnaire ? Et, comment contourner la secrétaire pour parler au gestionnaire ?
Merci de m’éclairer sur ces deux points et très bon article.Direct et sans détour. Magnifique. C’est justement pourquoi je réfère les gens sur votre page parce que je sais que vous êtes vrai et que vous donnez l’heure juste.
Quel beau commentaire!! Merci Sherlyne de référer L’Œil du Recruteur!
Avant de parler au gestionnaire, il faut trouver son courriel en utilisant un outil comme hunter.io
Ensuite, je suggère de chercher dans l’actualité à propos de la compagnie ou sinon, directement sur son site web pour identifier un problème à régler. Cela servira à lui écrire un courriel personnalisé (https://www.oeildurecruteur.ca/message-linkedin/).
Si c’est la réceptionniste qui répond au courriel, se tourner vers Linkedin.
Une fois qu’on a l’attention du gestionnaire, c’est à ce moment qu’on lui propose un appel ou un café pour discuter des façons de solutionner son problème. On lui envoie également notre CV entretemps.
À bientôt,
D’abord bravo pour ton courage : tout un texte, avec plusieurs de « dit tout haut ce que plusieurs pensent tout bas ».
En même temps, ça généralise beaucoup, avec deux prémisses à discuter :
1- les RH ne sont pas au service des candidats. Vrai. Mais pourquoi le seraient-ils? L’entreprise paie leur salaire justement pour ça, entre autres. Et si tout le monde décide d’aller voir le gestionnaire directement, ça ne sera pas long que le « gentil gestionnaire » va refuser les candidats et chiâler que le RH/recruteur ne fait pas son travail…
2- le gestionnaire serait tellement meilleur que les RH pour le candidat. Faux, sauf dans de rares cas. Le gestionnaire sera peut-être plus réceptif, mais il le sera le plus souvent avec un candidat qui lui ressemble et l’évaluera de façon limitée. J’en ai vu plusieurs embaucher quelqu’un à l’essai après 10 minutes d’entrevue pour le congédier 3 semaines plus tard pour son « savoir-être ». Plusieurs entreprises mettent un département de recrutement/RH en place après quelques erreurs en embauche – et pas des petites, du genre qui coûte cher à l’entreprise. Et malheureusement au candidat également.
Et combien de recruteurs/RH se battent encore aujourd’hui avec des gestionnaires qui ne veulent rien savoir des « noms étranges » ou de femmes en production?
Éliminer les RH est-il une solution? Leur enlever le recrutement? J’ai hâte de voir les gestionnaires si ça arrive! C’est plutôt le système entier qu’il faut améliorer pour travailler mieux en équipe…
Merci Mathieu d’y contribuer avec ce début de débat :)
Merci Cybele!
La discrimination en embauche est assurément un point en faveur des RH. Ils sensibilisent les gestionnaires, les encouragent à revoir leur façon de penser.
Le point sur l’évaluation? En accord également. Le RH sert à prendre une décision légèrement plus éclairée.
Si les recruteurs n’étaient pas là pour prendre les références par exemple, les gestionnaires commettraient davantage de faux pas.
Bref, éliminer les RH? Non, pas du tout l’argument que je présente.
S’adresser au décideur, c’est ça mon point.
Le chercheur peut ainsi capitaliser sur le « petit feeling » du gestionnaire et s’éviter le spectre complet d’une évaluation dite « objective ».
Cette évaluation aide parfois le candidat à ne pas commettre des erreurs lui aussi (à intégrer un poste qui ne lui correspond pas), certes.
Cependant, elle le place automatiquement en compétition avec une foule de candidats au lieu d’être le seul candidat considéré grâce à son audace, une audace que quiconque avant lui n’aura démontrée. Cette dernière l’a amené à contacter le gestionnaire directement, à commander son respect et à séduire sa cible sans que personne ne s’interpose. S’il veut mettre toutes les chances de son côté, voilà sa meilleure stratégie.
Personne ne le fait, personne ne le fera, et donc, rien à craindre. Le bureau du gestionnaire ne recevra que l’appel du chanceux qui a lu cet article.
Si tout le monde le faisait? Oups! Ouais, là on aurait un problème, parce que la stratégie ne fonctionnerait plus. Par chance, le blogue est consulté par une minorité de gens! Gloire à eux haha!
Bonjour Matthieu. Comme les autres avant moi, je te dis bravo de dire haut et fort un problème qui tend à se généraliser au sein des départements des RH. Combien promettent un retour et le font vraiment? Pour être en RH et avoir eu à me chercher un emploi dans le domaine, je suis la première à me plaindre des mauvaises pratiques des gens en recrutement. Les agences et les supposés chercheurs de têtes se disent ouvert et réceptif aux candidats, mais très peu le démontre vraiment. Par contre, comme Cybèle Rioux, je doute que le transfère vers les gestionnaires soit la solution plus intéressante pour les candidats. Combien de gestionnaire sont fermé aux profils atypiques? Combien manquent de temps et surtout d’intérêt pour recruter? Plusieurs sont venu dans mon bureau en me disant « occupe toi de ça » en mettant un CV sur mon bureau. Plusieurs m’ont dicté ce qu’ils voulaient, une vrai liste d’épicerie, sans aucune ouverture pour quoi que ce soit. Si vous croyez que les gestionnaires vont être plus attentionnés et offrir plus de suivi aux candidats, c’est selon moi un peu utopique comme concept. Par contre, si le but de l’article est de réveiller les recruteurs sur le mauvais service offert aux candidats, je dis « SUPER! »
Merci pour ton commentaire Mélanie!
Non, ce n’est pas le but de l’article.
Celui-ci est d’inciter les lecteurs à s’imposer dans une fête où ils n’avaient pas été invités d’office, et à faire en sorte que leur présence soit des plus appréciées!
Réaction souhaitée : « D’où il sort lui? On l’aime! »
(AKA le « wedding crasher de l’embauche »)
Super article! J’ai beaucoup appris et je dis un grand MERCI et BRAVO!
C’est gentil, merci, content de lire que l’article a été instructif! Bonne journée Karima!
J’appelle ça avoir une paire de couille.
Super article jeune homme et très intéressant à lire.
Haha! Merci Christian!!
Je pourrais en dire long sur l’inutilité des RH. Je les appelle les « ressources inhumaines ».
Merci, très bon article. Je crois que ça cerne bien la réalité et donne l’heure juste sur les chances des candidats, du moins, du point de vue d’un gestionnaire.
Le but n’est pas d’enrayer les RH en effet, car les gestionnaires ont vraiment beaucoup de choses déjà à gérer et effectivement, il y a beaucoup de gestionnaires qui n’ont pas la compétence de faire un bon recrutement par eux-même et les RH peuvent vraiment les aider.
Même dans un environnement où les RH sont un passage obligé, le gestionnaire peut transmettre une candidature spontannée ayant retenu son intérêt aux RH pour entammer les vérifications et obtenir leur avis. Le poids de votre CV aura alors augmenté drastiquement. Bien sûr, c’est valide seulement dans le cas où très peu de gens qui croient réellement avoir « le bon fit » contactent directement le gestionnaire.
Petit complément à donner aux gestionnaires;
– Parlez à l’équipe de recrutement et montrez vous flexibles sur certains requis et si vous comprenez vous-même ce qui vous fait déceler le potentiel chez un candidat, dites-le; ça va vous aider au final (formez vos recruteurs est bénéfique).
– Si vous avez la chance de développer des questionnaires d’entrevue avec l’équipe de recrutement qui va vous aider à déceler la réaction des candidats face aux situations que vous rencontrez au quotidien, faite-le; ça vous aidera au final pour ne pas engager quelqu’un de bon sur papier, mais qui ne fera pas l’affaire au final dans votre équipe / votre entreprise.
– Souvenez-vous qu’une équipe emplie d’individus différents, mais complémentaires est plus forte qu’une équipe d’individus qui sont tous pareil. Réfléchissez bien à vos besoins et communiquez-les.
Merci Patrick, excellent commentaire!
En travaillant de pair avec les RH et en les formant, on met toutes les chances de son côté comme gestionnaire pour embaucher de meilleurs candidats.
Super article écrit avec beaucoup de courage et d’authenticité! Merci de donner l’heure juste.
En effet, ça demande parfois beaucoup de courage de rejoindre les gestionnaires au lieu de passer par les RH. Bien sûr, c’est souvent plus profitable. C’est aussi clair que les RH peuvent apporter les subtilités et certains éléments que la personne gestionnaire ne saisira pas lors du recrutement, n’étant pas toujours habilitée en matière de GRH.
Le hic pour le chercheur d’emploi, c’est que parfois, ce n’est vraiment pas clair qui fait quoi dans une organisation, surtout quand c’est une grosse organisation et qu’il faut tricoter un peu trop fort pour réussir à rejoindre quelqu’un qui finalement sera non joignable après avoir fait une dizaine de tentatives. Perso, je me dis que « tricoter trop fort », ça ne fait pas toujours de beaux foulards et que des fois, c’est mieux de tricoter autre chose ou d’utiliser une autre technique. L’équilibre, la sagesse et le savoir faire ont meilleur goût. :)
L’année dernière, suite à une rencontre avec un c.o. qui me disait que je pourrais travailler en R.H. avec le profil que j’avais, j’ai eu cette idée saugrenue de me dire que ça pourrait être possiblement mon prochain saut de carrière. Par contre, mon intuition me chuchotait intérieurement: « Really? Sérieux? T’es sûre? ». Lire cet article vient de mettre le dernier clou de cercueil dans cette idée d’éventuellement travailler dans ce secteur. Mon intuition avait vu juste. Merci pour le wake up call. :o)
Merci pour les bons mots! J’apprécie!!
Dans les plus grandes organisations, il faut chercher plus longtemps effectivement. Même si on se trompe, cela permet de s’exposer à plus de décideurs qui travaillent dans des services connexes à celui visé. Si les approches ne fonctionnent pas, il est toujours possible d’utiliser la méthode traditionnelle de postulation en ligne.
Malgré les apparences, j’ai apprécié mon parcours en RH et je veux dire à ceux qui veulent tenter l’expérience d’aller s’y tremper le gros orteil. Ils découvriront potentiellement une passion dans le rôle-conseil. Au final, mon parcours est bien personnel puisque je me dirigeais vers la voie de l’entrepreneuriat.
À bientôt Manon et merci encore de suivre mon blogue!
Et moi qui pensait que j’étais folle. Enfin! Vous avez confirmé mon opinion des RHs. Merci.
A chaque fois que j’oubli de venir sur ce site… je reviens quelques mois plus tard et puis BANG un article comme celui ci !
Dla belle ouvrage !
Étant enseignant au niveau professionnelle ton site est une vrai mine d’or pour moi afin de mieux orienter mes élèves !
Bravo !
Oui il faut revenir plus souvent! Hahaha!!
Plus sérieusement, merci pour votre loyauté Nick, très apprécié.
À bientôt j’espère,
Bonjour M. Degenève,
J’espère que vous pourrez voir mon commentaire et me répondre par la suite !
Pour ma part à mon lieu de travail, la Directrice RH parle constamment dans le dos de ses collègues et influence malheureusement certains cadres comme si pour eux tout ce qu’elle dit est paroles d’Évangile.
Une bonne amie à moi à surpris la « DRH » parler dans son dos avec sa boss pour aucune raison valable au téléphone.
Sauf que les appels sont enregistrés dans le système téléphonique de la compagnie et la conne de RH a osé dénigrer ma collègue dans le système.
Restant proche de ma bonne amie, j’avais été la réconforter un soir.
Cette RH discrimine tout le monde de manière « random » pour la moindre raison. Si elle l’a fait avec ma collègue, je suis sûr à 110% que j’y ai eu droit ainsi que d’autres personnes.
De tous les emplois que j’ai pu avoir dans ma vie, je n’ai JAMAIS connu une RH aussi mesquine, vipère et toxique comme elle.
La direction pourtant ferme les yeux ce qui n’aident personne.
Y me semble qu’une RH doit montrer l’exemple et être respectueuse envers ses collègues autant devant la personne ou en dehors.
Merci pour votre écoute et bonne journée !
Bonjour Nicolas,
En effet, ma capacité d’aider se limite à l’écoute dans une telle situation.
Les autres employés et gestionnaires sauront sans doute voir cette personne pour ce qu’elle est éventuellement. On récolte ce que l’on sème.
Pour l’instant, il serait tentant de jouer au même jeu qu’elle en parlant dans son dos. Résistez à la tentation!
Bonne continuation,
Merci de m’avoir répondu et bonne journée !